RE&UP, l’innovation circulaire au service de l’atténuation climat

C’est dans ce contexte que SANKO, via sa filiale RE&UP, a développé des procédés innovants pour transformer les déchets textiles – même complexes ou de piètre qualité – en fibres de nouvelle génération, prêtes à être recyclées dans l’industrie textile. Ce projet a bénéficié en 2024 d’un prêt de 70 millions d’euros accordé par Proparco pour soutenir l’innovation verte et lutter contre les émissions de carbone du secteur textile, participant ainsi activement à l’atténuation du changement climatique. 

« Nous proposons une solution qui non seulement réduit l’impact environnemental en évitant la mise en décharge et l’incinération des déchets textiles, mais les réinjecte également dans la production, contribuant ainsi à la vision globale d’une économie circulaire évolutive pour la mode », résume Andreas Dorner, le directeur général de RE&UP.

La technologie de recyclage exclusive développée par RE&UP est capable de traiter d’importants volumes de déchets textiles – y compris les mélanges complexes coton-polyester que l’on retrouve souvent dans les vêtements actuels. « Notre technologie permet de recycler aussi bien des matières à base de coton qu’à base de polyester, même lorsque ces derniers sont fortement mélangés », confirme Mahmut Bayram, ingénieur industriel chez SANKO. Avec l’apport du savoir-faire technique de l’entreprise française Andritz Laroche, ce processus industriel sans équivalent se décompose en plusieurs phases. 

La première opération concerne le tri, la découpe et l’ouverture des fibres. La séparation physique des différents composants textiles permet ensuite d’éliminer ceux qui sont solides ou indésirables; cette matière est ensuite humidifiée pour préserver les qualités initiales des fibres. Enfin, grâce à un procédé novateur de décoloration sans produits chimiques, le coton et le polyester sont séparés pour obtenir du coton et du polyester de nouvelle génération, avec une qualité et des performances comparables à celles des fibres vierges. 

« Jusqu’à présent, il était impossible pour l’industrie du recyclage de traiter les textiles colorés et ceux qui sont mélangés », explique Mahmut Bayram. « La singularité de notre innovation tient à ce qu’elle permet de décolorer les fibres et de séparer le coton du polyester tout en préservant leur intégrité. Nous produisons une fibre recyclée quasi neuve, prête à être réutilisée par l’industrie textile sans perte de qualité. » 

Un procédé sans équivalent, rappelle Özde Demirturk, directrice de la finance durable du groupe SANKO : « C’est une première mondiale. Le procédé de RE&UP garantit la durabilité à long terme du coton et du polyester en redonnant de la valeur à des milliers de tonnes de déchets autrefois considérés comme non recyclables. » Et qui finissent trop souvent en montagnes de vieux textiles nocifs pour l’environnement, notamment sur les rivages de certains pays d’Afrique de l’Ouest.

Les résultats obtenus grâce à la technologie de RE&UP sont sans équivalent et permettent d’obtenir, si on les compare à la production conventionnelle de fibres vierges, des réductions significatives de la consommation d’eau et des émissions de CO2 . Cela s’accompagne d’une baisse drastique de la consommation énergétique, notamment grâce à l’installation d’une capacité de 33,5 mégawatts de panneaux photovoltaïques sur les sites industriels de RE&UP. 

Proparco a participé au financement de la nouvelle usine de recyclage de textiles à majorité coton de Gaziantep, étape essentielle qui contribuera à atteindre l’objectif de 200 000 tonnes de capacité de recyclage mécanique que le groupe s’est fixé dès la fin 2026. L’ambition est ensuite d’atteindre 1 million de tonnes par an d’ici 2030, grâce à une expansion à l’international (lire l'interview du directeur général de RE&UP). Ce changement d’échelle repose sur un modèle industriel intégré, incluant non seulement le recyclage textile, mais aussi la valorisation de déchets plastiques (PET), la mise en place d’installations innovantes d’ultrafiltration pour réduire l’empreinte hydrique ainsi qu’une démarche volontariste de traçabilité des matières premières.

Proparco a joué un rôle clé dans la montée en puissance opérationnelle de RE&UP, en structurant une ligne de financement de 70 millions d’euros appuyée par une sous-participation de l’Agence française de développement de 45 millions d’euros. Conçue pour offrir des conditions favorables, avec notamment des durées de financement reflétant l’ampleur des investissements, la facilité accompagne RE&UP dans le déploiement de sa technologie et l’expansion de son assise industrielle. Ce partenariat entre Proparco et SANKO, ambitieux et techniquement très en pointe, se distingue par sa forte adéquation avec des objectifs à la fois environnementaux et industriels. Il bénéficie en outre à la PME française Andritz Laroche, partenaire industriel et stratégique de RE&UP. 

Au-delà des bénéfices constatés en matière d’atténuation climat, l’accord entre Proparco et RE&UP a aussi des retombées sociales significatives : il permettrait la création de plus de 200 emplois par an durant les cinq prochaines années, avec des conditions salariales supérieures au minimum légal. Le projet contribue également à l’égalité femmes-hommes en augmentant la proportion de femmes dans les emplois opérationnels. Grâce à ces engagements, RE&UP est ainsi labellisée 2X Challenge, le programme international destiné à orienter les capitaux vers des initiatives du secteur privé bénéficiant aux femmes.

Avec ce projet, le groupe SANKO donne corps à une nouvelle vision industrielle, alliant l’innovation technologique à la responsabilité environnementale. Sur les fondements d’une solide coopération internationale entre la France et la Turquie, tant sur le plan industriel que financier, RE&UP constitue ainsi un banc d’essai grandeur nature pour une économie décarbonée de la filière textile. Et offre une solution concrète dans la lutte contre les causes profondes du changement climatique.